Chemins de la ZAD
On lit souvent dans la presse que la ZAD de Notre-Dame-des-Landes est une zone de non droit, une zone dans laquelle on ne circule pas. Que les militants l'auraient condamnée. Soit, au moment où je suis venu sur la ZAD, la D281, la fameuse route des chicanes, était encore fermée. Pas par les militants, mais par la préfecture. Soit, il faut oublier les mocassins, et enfiler des bottes. Hormis quelques départementales alentour, rien n'est goudronné, de nombreux chemins sont boueux en hiver, mais on circule. De nombreux endroits sont accessibles seulement parce que les habitants ont posé une planche au dessus d'un cours d'eau. La poste circule sur les routes, entre les fermes.
Soit, il y a des endroits où l'on ne va pas. Parce que l'on n'y a pas été invité, parce qu'un panneau indique "journalistes dehors". Parce qu'il faut se montrer digne de confiance, qu'il faut venir en ami. Mais n'est-ce pas le cas en ville ? Rentre-t-on chez les gens, à Paris ? Et s'ils refusent, les soupçonne-t-on d'avoir des choses à cacher ? Non.
À Notre-Dame-des-Landes, certains ont parfois l'impression d'être des animaux de zoo, que l'on vient regarder, que l'on s'autorise à prendre en photo. Ils revendiquent un droit à l'intimité, à la vie privée. Une intimité que l'on peut facilement prendre pour étrange, dans la frénésie habituelle des réseaux sociaux et du "partage" moderne, la diffusion massive d'images et de contenus. L'instantanéité de ce partage permet-elle réellement une réflexion sur la légitimité de prendre tel ou tel cliché ?